Steve McQueen, les secrets du film Le Mans

En cette année du centenaire des 24 Heures du Mans, le film « Le Mans » de Steve McQueen est plus que jamais d’actualité. Legends Magazine vous en dévoile quelques aspects méconnus. Le premier est que ce film, sorti en 1971, constitue une belle revanche pour Steve McQueen. Cinq ans auparavant, il avait en effet voulu réaliser un film sur la F1, mais il se fit doubler par John Frankenheimer qui sortit en 1966 le long-métrage « Grand Prix ». Le second aspect méconnu est que plusieurs voitures de course du film « Le Mans » avaient été fournies par Jo Siffert. Or toutes n’étaient pas de véritables voitures de course !

 

« Les assurances, effrayées par les primes à payer en cas d’accident, re – fusèrent cependant de prendre ce risque. Sinon, j’aurais bel et bien couru avec Steve McQueen. »

 

Steve McQueen adorait le sport automobile. Dès qu’il gagna suffisamment d’argent, en 1956, il s’acheta une Porsche 356 Speedster pour courir en Californie. Ce n’est toutefois que lors d’un séjour de trois mois à Londres, en 1961, pour le tournage de « The war lover », que sa passion pour la compétition devient dévorante. Au volant d’une Mini, sur le circuit de Brands Hatch, il participe même à une course de voitures de tourisme ponctuée par un excellent 3 e rang. C’est également en Angleterre qu’il découvre le livre « The Cruel Sport » qui décrit très bien le sport automobile et ses accidents, souvent tragiques. Steve McQueen décide d’adapter ce livre au cinéma avec le réalisateur John Sturges. Ce dernier apprend toutefois que John Frankenheimer souhaite tourner « Grand Prix », un film inspiré lui aussi de ce livre, et qu’il a déjà contacté la Metro Goldwyn Meyer. Malgré cela, John Sturges commence à tourner le 1er août 1965, au Nürburgring, les premières prises de vue de ce film dont le titre est « Day of the Champion ». Bernard Cahier, l’auteur de la plupart des photos de cet article, est sur place et immortalise Stirling Moss au volant d’une Lola équipée de deux volumineuses caméras. Pour des raisons qu’il serait trop long d’évoquer et que le documentaire « McQueen – The Lost Movie », visible sur Youtube*résume très bien, « Day of the Champion » ne sera jamais achevé. Contrairement à « Grand Prix », dont l’histoire un peu trop romancée ne plaît guère à Steve McQueen. Celui-ci ne poursuivra dès lors qu’un seul objectif : tourner un film sur le sport automobile qui soit le plus authentique possible. Ce sera « Le Mans » . Pour que ce film s’approche le plus de la réalité, Steve McQueen achète une Porsche 908 et l’engage au début de la saison 1970 aux 12 Heures de Sebring. Dans cette épreuve, qui compte pour le championnat du monde et dans laquelle il partage le volant de sa 908 avec le pilote professionnel Peter Revson, Steve McQueen termine 2 e au classement général. Cet excellent résultat fait le tour du monde, grâce notamment aux photos de Bernard Cahier, et sa 908 sera engagée aux 24 Heures du Mans de 1970 avec Herbert Linge et Jonathan Williams, chargés de filmer la course depuis l’intérieur. Une course à laquelle Steve McQueen souhaite participer avec une Porsche 917 en compagnie de Jackie Stewart. « Les assurances, effrayées par les primes à payer en cas d’accident, refusèrent cependant de prendre ce risque. Sinon, j’aurais bel et bien couru avec Steve McQueen », nous avait confirmé Jackie Stewart en 2021, après s’être recueilli à Fribourg sur la tombe de Jo Siffert, décédé 50 ans auparavant à Brands Hatch. Ce même Jo Siffert allait jouer un rôle très important dans le film « Le Mans » pour lequel il loua dix voitures de course. Mais comment se déroulèrent les tractations entre le pilote fribour – geois et la société de production de Steve McQueen? Cela nous a été raconté par Paul Blancpain, le bras droit de Jo Siffert. Agent Porsche et Alfa Romeo à Fribourg, en plus de ses engagements en F1, en F2, en endurance et en Can-Am, Jo Siffert a été l’un des pilotes les plus occupés de l’histoire du sport automobile et ses nombreux engagements n’auraient pas été possibles sans Paul Blancpain. Ce dernier, pilote de talent lui aussi, a mis un terme à sa carrière après avoir mené la Porsche 908 du Joest Racing à la 5 e place des 1000 Km du Castellet en 1974. À la fin de cette même année, il émigre au Brésil où il tient jusqu’en 2008 un restaurant à Buzios, le St-Tropez local. C’est là que nous l’avons rencontré au lendemain des 6 Heures de Sao Paolo de 2014. 

 

Le coup de bluff de Jo Siffert 

 

Assis à l’ombre d’un magnifique flamboyant, avec une vue imprenable sur le golfe de Buzios, rendu célèbre dans les années 60 par Brigitte Bardot, Paul Blancpain, un verre de caïpirinha à la main, débute son récit : « Au Grand-Prix de Monaco de 1970, Jo Siffert m’avait demandé de participer aux négociations avec les deux représentants de Steve McQueen en me donnant ces consignes : Les deux Américains commencent par nous demander si nous pouvions leur louer une Porsche 917 Gulf. Jo Siffert répond du tac au tac: Ils voulaient ensuite une 917 longue queue. Jo réplique immédiatement : , alors que moi je me demandais bien où… Idem pour les deux Chevron, une Corvette, quatre Porsche 911 et une 914. J’avale de travers et essaie de ne pas apparaître trop étonné ! » « Les Américains voulaient également une 11e voiture, mais Jo Siffert répondit négativement », ajoute Paul Blancpain. « Après le départ des deux Américains, il me confia qu’il avait dit non afin de crédibiliser tous ses mensonges ! Sur les dix voitures qu’il avait prétendu avoir, il n’en avait en fait qu’une seule : la 917 Gulf ! Seppi m’a alors dit : La seconde 917 était une 908 avec des éléments en polyester de Franco Sbarro et la Corvette, les quatre 911 ainsi que la 914 n’étaient que des voitures de série. Seppi m’avait dit que, pour effectuer quelques prises de vue, elles n’avaient nul besoin de battre le record du tour ! Quant au bruit des moteurs, il m’avait fait remarquer que, de toute façon, ils le rajoutaient sur la bande sonore du film ! » 

 

Le souvenir ému de Chad McQueen 

 

« Sur le tournage, nous avons vite compris que les Américains n’y connaissaient rien en voitures. Leurs moyens financiers semblaient en revanche illimités. Cela a été une superbe opération financière, près d’un demi-million d’euros d’aujourd’hui », rigole Paul Blancpain. Avec son charme, Jo Siffert avait ainsi réussi à louer des voitures de course, dont certaines ne l’étaient pas du tout ! Cela n’était finalement pas très grave et Chad McQueen, le fils de Steve McQueen présent sur le tournage pendant ses vacances, garde un souvenir ému de Jo Siffert. « Je n’avais que 10 ans et tous les pilotes étaient très gentils avec moi. Il y en avait cependant un qui l’était davantage que tous les autres. C’était Jo Siffert qui m’apportait à chaque fois des bonbons », nous a raconté Chad McQueen, rencontré en 2011, en Californie, avec Derek Bell, un ancien coéquipier du pilote fribourgeois. « Jo me disait: J’étais très surpris par sa gentillesse, ainsi que par la répétition des deux syllabes : bon-bon. En anglais, on dit en effet candies et non pas bonbon. Aujourd’hui encore, j’éprouve beaucoup d’affection paour Jo. Et je pense tous les jours à lui car je porte la même montre que lui », conclut Chad McQueen en retournant son poignet. Il nous montre alors une Heuer Monaco, une de celles portées par son père dans le film et non pas une TAG-Heuer actuelle! 

 

« Sur le tournage, nous avons vite compris que les Américains n’y connaissaient rien en voitures. Leurs moyens financiers semblaient en revanche illimités. Cela a été une superbe opération financière, près d’un demi-million d’euros d’aujourd’hui. »

Steve McQueen durante le riprese del film «Le Mans» che, a differenza di «Day of the Champion», uscirà davvero al cinema
Steve McQueen e Jo Siffert, con il casco di Johann Ritter, pilota fittivo e interpretato nel film “Le Mans” dall’at- tore Fred Haltiner

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