Rallye Monte Carlo Historique, ou la nostalgie des pionniers

Vivez ce rallye d’époque unique de l’intérieur, avec pour hôte le vaudois Michel Chatagny, vainqueur de l’édition 2019.

Pour Michel Chatagny, le Rallye Monte Carlo Historique est le summum des rallyes de régularité. Il permet de s’immerger dans les conditions d’après-guerre pour y retrouver l’esprit des pionniers. Le Monte Carlo propose en effet les mêmes épreuves qu’à ses débuts, alliant toujours technicité et imprévisibilité, requérant de bonnes bases de pilotage ainsi qu’une forte capacité d’adaptation pour faire face aux surprises de cette course.

 

« En un mot, c’est l’aventure ! ».

 

Depuis sa création en 1911, le premier objectif du rallye est de réussir le parcours de concentration. Il s’agit de partir d’une des villes de départ inscrites, telles que Glasgow, Minsk, Barcelone ou même Athènes, pour rejoindre Monte Carlo dans un délai à tenir. Cette étape d’endurance donne déjà le ton en mettant à l’épreuve pilotes et mécaniques, qui prennent le départ entre 19h00 et minuit, pour un trajet de 1000 kilomètres à une moyenne de 50 km/h, ce qui représente 20h de conduite non-stop. À cela s’ajoute, pour les concurrents partant de Glasgow, 1000 kilomètres supplémentaires.

Fort de ses cinq participations entre 2014 et 2019, Michel connait bien les pièges qu’une telle course vous réserve. Sa difficulté est sans pareil : la moitié des quinze spéciales totalisant 450 kilomètres se déroule sur route ouverte, avec d’un côté le mur et de l’autre le précipice. À cette problématique binaire s’ajoute l’inconnue de la surface de la route qui peut être enneigée, pour son plus grand plaisir, ou, sans prévenir, être recouverte de glace. Des courants d’air glacials traversent alors la voiture et les frêles essuie-glaces battent la mesure en même temps qu’un chiffon qu’il faut agiter contre la buée. Sans oublier les longues nuits de février mordant sur les étapes, qui commencent parfois à 6h30 et peuvent finir à 1h du matin.

 

 

C’est dans ces conditions que la Mini de Michel Chatagny, dotée de son éclairage d’origine et de deux phares à brouillard, le tout éclairant à peine à 30 m, fonce dans la nuit. Lors de la montée du col de Turini, Michel se souvient s’être fait dépasser par une voiture utilisant une rampe de phares modernes : « lorsque la voiture est apparue derrière nous, ses phares inondaient toutes les montagnes alentours de sa lumière. Tant nos yeux s’étaient habitués à l’obscurité, la route éclairée par nos propres phares était devenue un trou noir, dans lequel nous foncions ».

 

 

Pour Michel, la difficulté aura été de trouver une véritable Cooper S. En 2008, il déniche finalement son bonheur avec ce superbe modèle de 1964 qu’il libère des glaces de la Brévine. Chose rare, elle est équipée d’un moteur 1071 cm3 équipant les tous premiers modèles S produits. Bien que celle-ci n’ait que très peu roulé, son immobilisation de trente ans nécessite de tout refaire : on y trouve de la rouille traversante sur le plancher, une bielle coulée, et les élastomères sont tous en lambeaux. Deux ans de travaux seront nécessaires pour mettre à nu la coque, la sabler et faire une révision complète incluant le réalésage des cylindres et l’équilibrage des arbres.

Un regard complice est échangé entre les deux hommes, une simple poignée de main et l’aventure commence.

En 2013, année de sa résurrection, elle participe à l’International Mini Meeting à Mugello (IT), évènement regroupant tous les passionnés européens de la marque. Durant cette manifestation, il trouve un billet sur son pare-brise l’enjoignant de participer au concours d’élégance, au milieu de 4’000 Mini. Bien mal lui en a pris puisqu’il remporte ainsi le prix du « Best of Show », sans même y avoir songé!

 

 

Puis, en 2014, alors qu’il prend le soleil sur une terrasse avec son ami Fabrice Redard, ce dernier lui montre une affiche pour le 17ème Rallye Monte Carlo Historique, qui commémorait le 50ème anniversaire de la victoire d’une Mini au Rallye de Monte Carlo (MORRIS Cooper S, P. Hopkirk / H. Liddon). Un regard complice est échangé entre les deux hommes, une simple poignée de main et l’aventure commence. Avec seulement une fiabilisation rapide de la voiture, deux phares ajoutés, l’installation de deux sièges baquet et après avoir fait le plein de cartes routières allant de Gap à Monte Carlo, ils s’élancent sur les routes des Alpes en direction de Monte Carlo, sans cadenceur ni aucun gadget électronique. Seuls un chronomètre et un Speed pilot sont emportés. Celui-ci calcule la vitesse moyenne en combinant l’information du compteur kilométrique avec celle de son horloge. Etant libre de sponsors et ne s’étant imposé aucune contrainte de résultat, ils s’élancent avec cette Mini hyper maniable et légère, taillée sur mesure pour ce décor alpin. Le plaisir est au rendez-vous pour l’équipage, si bien que la décision est prise de réitérer les années suivantes.

En 2019, pour sa cinquième participation, Michel Chatagny s’élance cette fois vers son sacre avec son complice Rolf Weiss, son copilote depuis 2018. Alors que la course se déroule sans accroc et améliorant de jour en jour leur position au classement général, ils décident d’un commun accord que c’est le moment de tenter la gagne. Malheureusement, le sort ne leur est pas favorable. En arrivant sur le point d’étape à Crest, ils aperçoivent de la fumée sortir du capot. La durite de bypass entre la pompe à eau et la culasse a lâché. Miraculeusement, les mécaniciens de l’équipe d’assistance Automobiles BMC parviennent à la remplacer en vingt minutes, ce qui permet à l’équipage de reprendre la route. Il faut désormais rattraper un énorme retard. C’est ainsi que, pied au plancher, ils foncent dans la nuit pour les 40 derniers kilomètres de la journée qui les ramènent à Valence, de justesse dans les délais imposés.

 

 

Lors du départ de la dernière nuit de course, la nuit du Turini, l’équipage se positionne à la treizième place au classement général sur 330 concurrents, et deuxième de sa catégorie. Afin de ne pas avoir de regrets et malgré les risques et la fatigue accumulée des cinq jours de course, Michel et Rolf décident d’aller chercher la première place de leur catégorie. Le manque de puissance du petit 1071 cm³ se fait sentir dans les montées, la neige et les lacets. Il n’y a plus le choix, il faut maintenant se refaire dans la descente et tout donner. L’audace, la témérité et un brin de chance finiront par payer : neuvième au classement général et premier dans la catégorie des véhicules construits entre 1961 et 1966 ! Alors félicitations pour ce titre, pour cette aventure, et pour continuer à faire vivre ce rallye de légende.

Malheureusement, le sort ne leur est pas favorable. En arrivant sur le point d’étape à Crest, ils aperçoivent de la fumée sortir du capot.

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