Michèle Mouton, véritable légende du sport automobile mondial !
[eltdf_dropcaps type= »normal » color= » » background_color= » »]D[/eltdf_dropcaps]ans ce numéro, Legends Magazine vous propose de faire plus ample connaissance avec la pilote française Michèle Mouton, véritable légende du sport automobile mondial. Elle est en effet la seule femme à avoir remporté une manche du championnat du monde des rallyes. Et cela plutôt quatre fois qu’une ! Après avoir gagné le Rallye de San Remo en 1981, elle a en effet récidivé en s’imposant aussi bien au Rallye du Portugal, qu’à celui de l’Acropole et du Brésil en 1982, année où elle est sacrée vicechampionne du monde des rallyes au volant de son Audi Quattro à quatre roues motrices.
Certains prétendront que ses quatre succès en championnat du monde s’expliquent davantage par la supériorité technologique de sa monture que par son talent. Ce serait toutefois oublier que Michèle Mouton n’avait pas attendu l’arrivée de l’Audi Quattro pour briller et remporter des épreuves des championnats de France et d’Europe des rallyes au volant d’Alpine, Porsche, Lancia Stratos et autres Fiat 131 Abarth. Il est certes vrai que tous les autres constructeurs engagés en 1982 dans le championnat du monde des rallyes n’avaient pas de voitures à transmission intégrale. Michèle Mouton a cependant su prouver par la suite que sa vitesse était au moins équivalente à celle de ses rivaux masculins ! En 1985, on la retrouve aux Etats- Unis, à la célèbre course de côte de Pikes Peak qu’elle marque alors de son empreinte. Elle s’impose en catégorie Open Rally avec son Audi Quattro, repoussant ses principaux rivaux à 42 et 47 secondes. Plus qu’une victoire personnelle, c’est un camouflet de l’Europe infligé aux Américains, jusqu’alors invaincus à Pikes Peak.
Plus qu’une victoire personnelle, c’est un camouflet de l’Europe infligé aux Américains, jusqu’alors invaincus sur leur prestigieuse course.
Puis en 1986, lorsque Jean Todt, alors directeur de la compétition chez Peugeot, lui confie une de ses redoutables 205 Turbo 16 au Tour de Corse, Michèle Mouton ne fait pas seulement jeu égal avec ses collègues d’écurie Bruno Saby et Timo Salonen, elle les bat également à plusieurs reprises. Il en va de même pour ses rivaux Markku Alen, Henri Toivonen et Miki Biasion au volant des non moins redoutables Lancia Delta S4. Dans les neuf épreuves spéciales auxquelles elle participe avant d’abandonner à la suite d’ennuis de boîte de vitesses, elle réalise à cinq reprises le 3e temps et à quatre reprises le 4e temps. Et cela non pas dans des spéciales de 10 minutes mais de près d’une demi-heure !
Dans la première épreuve spéciale, d’une longueur de 38 (!) km, elle signe par exemple le 3e temps en n’ayant concédé qu’une seconde à Timo Salonen. Mieux, Michèle Mouton relègue à cinq et onze secondes les Lancia d’Henri Toivonen et de Miki Biasion. Il est par conséquent faux de prétendre que ses victoires en championnat du monde s’expliquent uniquement par une voiture plus compétitive que celle de ses adversaires. « Ce que Michèle Mouton a réalisé avec ces bolides du Groupe B que beaucoup considèrent comme ayant été les voitures de rallye les plus rapides de tous les temps, est incroyable », nous a confié, admirative, la pilote colombienne Tatiana Calderon qui bénéficie du soutien de la commission « Femmes dans le sport automobile » de la FIA présidée par Michèle Mouton (lire ci-dessous). Car Michèle Mouton, après avoir quitté en 1986 le sport de haut niveau, fait partie de ces champions qui viennent en aide à la relève dès qu’ils ne courent plus. Histoire certainement de redonner un peu de sa personne au sport automobile. C’est en effet grâce à lui que Michèle Mouton, à 70 ans – elle est née le 23 juin 1951 – , est encore très populaire. Cela également en Suisse. Peter Schmid, chasseur d’autographes suisse alémanique, ne nous contredira pas : « Michèle Mouton n’est pas seulement une légende du sport automobile, c’est également une personne très attentionnée. J’en veux pour preuve les deux photos dédicacées qu’elle a eu l’amabilité de m’envoyer », conclut-il
La commission « Femmes dans le sport automobile » de la FIA est présidée par Michèle Mouton depuis 2009. Un de ses buts est de promouvoir la participation des femmes dans le sport automobile en tant que pilotes, officielles, responsables d’écurie, ingénieures, mécaniciennes… La pilote colombienne Tatiana Calderon, pilote de développement de l’écurie de F1 Sauber-Alfa Romeo et leader de l’équipe féminine de Richard Mille qui participe aux 24 Heures du Mans et au championnat du monde d’endurance, est l’une des pilotes qui a bénéficié du soutien de la commission « Femmes dans le sport automobile » de la FIA. Elle répond ici à nos questions.
LEGENDS MAGAZINE : Tatiana Calderon, que représente Michèle Mouton pour vous ?
TATIANA CALDERON : Elle est un modèle pour toutes les femmes dans le sport automobile. Elle a été une pionnière et ce qu’elle a réussi quand elle courait en rallye constitue une sacrée référence. Elle sait ce qu’il faut faire pour avoir du succès au plus haut niveau et c’est un privilège de l’avoir à la tête de la commission « Femmes dans le sport automobile » de la FIA.
LEGENDS MAGAZINE : De quelle manière Michèle Mouton vous a-t-elle aidée ?
TATIANA CALDERON : Elle a toujours essayé de créer de nouvelles opportunités et d’ouvrir des portes aux femmes pilotes. Grâce à elle – mais grâce aussi à sa commission et à Richard Mille – , nous avons pu débuter aux 24 Heures du Mans l’an passé. Avec Sophia Floersch et Beitske Visser, nous participons cette année au championnat du monde d’endurance. Je lui en suis très reconnaissante.
LEGENDS MAGAZINE : Michèle Mouton bénéficie aujourd’hui encore d’une très grande popularité. Comment l’expliquez- vous ?
TATIANA CALDERON : Elle est une légende et tous ceux qui sont actifs dans le sport automobile connaissent les prouesses qu’elle a accomplies en tant que pilote. Je pense cependant que tout ce qu’elle est en train de mettre en place actuellement pour les nouvelles générations donne encore une autre dimension à sa popularité.
LEGENDS MAGAZINE : Quels ont été d’après vous les plus grands exploits de Michèle Mouton ?
TATIANA CALDERON : Ce qu’elle a réalisé en tant que pilote avec des bolides du groupe B que beaucoup considèrent comme ayant été les voitures de rallye les plus rapides de tous les temps est tout simplement incroyable. C’était fou et il suffit de regarder les vidéos de l’époque pour prendre conscience de la rapidité et de la brutalité de ces voitures au volant desquelles elle se battait et gagnait contre les meilleurs pilotes de son temps. Depuis un peu plus de 10 ans, elle a contribué à mettre sur pied la commission « Femmes dans le sport automobile » de la FIA et à lui donner une visibilité qui, je l’espère, devrait permettre à de nombreuses autres femmes de rééditer des succès d’un niveau aussi élevé que le sien.