1965 à 1969. Peut-être la plus belle période de la F1, avec des pilotes chevaleresques, des voitures qui ignoraient toute assistance électronique. Mais aussi les sublimes carrosseries des Ferrari 275 et autres Ford GT 40 en endurance ou encore les batailles épiques entre les Mini Cooper qui narguaient les grosses Porsche 911. Une époque bénie pour tout amoureux de mécanique. Car Racing, c’est une somme colossale de travail et un véritable chef d’œuvre que proposent les Editions Cercle d’Art. Cinq livres luxueux, illustrés par des centaines de photos, qui retracent la seconde partie des années 60 sous les plumes conjuguées de Johnny Rives, Manou Zurini et Alain Pernot.
RÈGLEMENTS FLOUS
Les sixties, ce sont les années folles. Et pas seulement à cause de Beatles, des Rolling Stones et de Woodstock. Les sentiments de liberté permettent toutes les folies. En sport automobile, on est à des années-lumière des carcans que vit la Formule 1 aujourd’hui. A cette époque, on ne risque pas d’être déclassé parce qu’un aileron était un millimètre trop large. C’est sur la piste qu’on se bat, pas devant les tribunaux. L’approximation des règlements techniques favorise l’imagination des techniciens. On invente, on développe à qui mieux mieux. Tout d’abord les mécaniques afin de leur apporter davantage de puissance, puis la dynamique des véhicules pour réussir à la dompter. Au travers des cinq années racontées dans les livres Car Racing, c’est tout un pan de l’histoire héroïque pendant laquelle le courage, la volonté et l’habileté ne dépendaient pas des millions d’un généreux mécène. Les mains dans le cambouis plutôt que sur le portemonnaie. A ce propos, on peut noter que ce n’est qu’à partir de 1968 que la FIA autorise le sponsoring, signant ainsi le début de la fin pour les petites écuries privées.
L’ENDURANCE
Pininfarina a dû s’endormir une nuit bénie, et dessiner sans même s’en rendre compte la Ferrari 275 GTB. Franchement, qu’a-t ’on fait de plus beau à ce jour ? Les années 60, ce sont les carrosseries voluptueuses et sensuelles, toutes en courbes harmonieuses. Porsche 908, Alfa Romeo T33/2, Lola T 70 et bien évidemment la Ford GT 40, parmi tant d’autres sculptures sur roues. C’est l’époque où le départ des 24 Heures du Mans est donné, pilotes face à leur voiture de l’autre côté de la piste, qu’ils doivent atteindre en courant. Le spectacle avant même que le premier moteur vrombisse. « C’est l’époque ou le départ des 24 Heures du Mans est donné, pilotes face à leur voiture de l’autre côté de la piste, qu’ils doivent atteindre en courant. »
ALPINE, MINI COOPER & CO
D’accord, elles n’avaient pas beaucoup de chevaux. Mais leur légèreté en faisait des bêtes de course très spectaculaires. Ces voitures de rallye ayant souvent la fâcheuse habitude d’ignorer la ligne droite et de danser sur les routes en terre. La ceinture de sécurité n’étant pas obligatoire, dans les modèles les plus légers, certains navigateurs se comportent un peu comme les « singes » en side car pour faire le contrepoids selon les virages. Le rallye reste peut-être la plus belle discipline du sport automobile. Il exige une telle concentration, un tel feeling, une telle confiance dans le navigateur qu’on ne peut le comparer à aucune autre discipline. Dans les années 60, les voitures ne sont pas construites pour la compétition. Elles sont bricolées à partir de la série. Et tout est permis. On peut voir des Mini Cooper affronter des Ford Mustang, de petites Alpine ridiculiser des Porsche.
DANGEREUX
Il est évident que ces glorieuses années étaient nettement plus dangereuses qu’aujourd’hui. Protection minimale des pilotes, zones déformables des voitures inexistantes, cellule-piège, réservoirs qui explosent, les années 60 et 70 (Rindt, Siffert et Cevert sont en effet respectivement décédés en 1970, 1971 et 1973…) ont connu leur lot d’accidents mortels, surtout en F1. François Cevert, Jim Clark, Joseph Siffert, Jochen Rindt et bien d’autres ont laissé leur vie sur des circuits. C’est d’ailleurs le décès de Jo Schlesser dans sa Honda en flammes qui incitera le petit monde des pilotes à s’inquiéter du manque de sécurité. Et c’est sous la houlette de l’immense Jackie Stewart que sont inaugurés en F1 les harnais de sécurité et les combinaisons ignifugées !